Dix raisons (entre autres) de ne rien lâcher

Le 08/11/2022 à 13:31 par La rédaction


[Édito du Biofil 144 - oct.-nov. 2022]

 

Malgré un contexte anxiogène que personne ne peut nier, à moins de vivre dans le déni ou au fond d’une forêt (et encore), la bio possède plus que jamais une multitude de raisons pour ne rien lâcher. En voici dix glanées en ce début d’automne au fil des rendez-vous et salons professionnels, et des visites de terrain :

1 - La bio n’est plus marginale et va crescendo, représentant 10 % de la SAU nationale, soit plus de 2,8 millions d’hectares en 2021. L’envol des conversions est continu depuis 20 ans, avec quelques soubresauts. Près de 13,5 % des fermes sont en bio.

2 - Les agriculteurs bio sont en moyenne plus jeunes et plus diplômés, et plus heureux. La majorité des installations se font en bio, ainsi que les reprises. La bio revalorise ce métier nourricier.

3 - La demande sociétale est ancrée. La consommation ne cesse de progresser, atteignant près de 7 %. Si la crise actuelle la perturbe, les jeunes parents restent très attentifs à nourrir leurs enfants avec des aliments bio. Ce n’est pas un hasard.

4 - Les agriculteurs ont pris des risques, ont expérimenté, ont osé de nouveaux itinéraires techniques tirant toute l’agriculture vers le haut. Ils ont investi prouvant que produire bio, propre, bon et rentable était possible. Leurs résultats techniques ne cessent de s’améliorer.

5 - Les semenciers élargissent leurs gammes, proposant une grande diversité de variétés de terroir, populations, et hybrides. La sélection et les cultures de porte-graines s’affinent, et les dérogations s’amenuisent.

6 - Les filières se sont structurées pour garantir des débouchés à toutes les productions. Les coopératives et les transformateurs investissent pour améliorer la qualité et diversifier, et contractualisent avec les producteurs. Les jeunes arrivent aux manettes et sont très innovants.

7 - La distribution bio ne cesse de s’adapter, avec un maillage d’amap, paniers, magasins de producteurs, réseaux spécialisés, de drive. La bio est moteur aussi dans la réduction des emballages, le vrac, la consigne.

8 - La recherche, les instituts techniques et les structures d’accompagnement se sont mobilisés pour faire avancer cette agriculture novatrice et visionnaire, cadrée par un cahier des charges européen garantissant ses fondamentaux. Si ce n’est jamais assez, la bio n’est plus laissée-pour-compte.

9 - L’Agence Bio se démène depuis 20 ans pour épauler ses évolutions, la structurer avec le fonds Avenir Bio, afficher ses progrès et diffuser ses atouts.

10 - Les pouvoirs publics l’ont soutenue, certes plus ou moins, au gré des plans de développement et des objectifs chiffrés qui n’ont jamais vraiment été atteints mais sources de fortes impulsions.

Ce n’est donc pas du tout le moment de remettre en cause la bio, mode de production plus que jamais en phase avec les attentes actuelles : souveraineté alimentaire, qualité de l’eau, reconquête de la biodiversité, urgence climatique, et renouvellement des générations. Au contraire, il est impératif de l’aider à passer ces secousses, au nom de tous les services qu’elle procure. Le nouveau plan Ambition Bio doit être à la hauteur, les signaux des pouvoirs publics beaucoup plus positifs, et les consommateurs conscients de ces enjeux pour privilégier l'alimentation bio.

 

Christine Rivry-Fournier