L’électrochoc du court-circuit

Le 26/12/2010 à 9:11 par La Rédaction


Les temps changent… C’est indéniable, le rapport à l’alimentation et à l’agriculture évolue. Et même si la bio n’a pas l’exclusivité des circuits courts, elle a su court-circuiter la voie – qui semblait toute tracée — des rouleaux compresseurs de la grande distribution, symbole de la modernité absolue il y a encore quelques années.

Aujourd’hui, la tendance est renversée. Le must est d’acheter en Amap, paniers, marchés paysans, magasins collectifs, cueillettes, sites internet, distributeurs de lait ou de fruits… Toutes les formes de ventes sont testées, en général avec succès, pour échapper aux pièges de l’asservissement total au marché de masse. Les réseaux sociaux réinventent le contact humain, avec un plus… Ils les ciblent.

Pourtant, les circuits plus longs, à condition de ne pas abuser du producteur, ne sont pas à rejeter. Toutes formes de ventes ont leur intérêt, et peuvent s’entrecroiser dans une spirale vertueuse… à condition de replacer l’agriculture et la qualité au cœur de leur fonctionnement. Ce qui n’est pas, loin s’en faut, toujours.

Certes, dans le secteur alimentaire général, les réglementations et les contrôles sanitaires n’ont jamais été aussi poussés dans notre pays. Mais le scandale est que, sous couvert d’une exigence extrême concernant la gestion des seuils légaux (Limites maximales de résidus autorisés), on continue à faire ingurgiter des dizaines de molécules chimiques différentes aux enfants… et aux adultes.

L’enquête de Générations Futures, ex-MDRGF, est sur ce point éloquente, et conforte encore le choix de la bio. 128 résidus chimiques ont été retrouvés dans les repas types – non bio – mais équilibrés selon les recommandations du Plan national nutrition et santé (PNSS) qu’un jeune avale pendant une journée. Cela représente 81 substances chimiques différentes, ingérées en une seule journée, dont 47 substances cancérigènes suspectées et 37 perturbateurs endocriniens ! Un nouvel électrochoc qui incite plus que jamais à court-circuiter les discours officiels rassurants, et à informer en direct les consommateurs, citoyens et parents. Et même les 97 % d’agriculteurs qui ne sont pas encore en bio !

Si la bio peut subir elle aussi des contaminations croisées indésirables, dues aux sols et à l’air pollués, elle offre de réelles garanties, pour la santé des humains, mais aussi pour respecter les ressources de la terre. L’étude de Générations Futures, très étayée, montre que les PCB, désormais interdits, sont toujours présents dans les aliments ! Idem pour des substances non autorisées dans l’Union européenne, sans seuils de résidus, comme l’isoprothiolane ou le tricyclazole, dont on a trouvé des traces dans le riz complet venu d’Asie ! Dans la quasi-totalité des cas, les limites légales pour chaque substance chimique prise individuellement ne sont pas dépassées, mais qu’elle est l’impact de l’effet cocktail ? Mystère. La réponse est peut-être dans la multiplication des cancers ? En tout cas, la bio en circuits courts court-circuite bel et bien ces menus toxiques !

Christine Rivry-Fournier