La bio à moins d’un euro ?

Le 26/07/2010 à 14:59 par La Rédaction


Alors que l’Agence Bio confirme le bond des surfaces en conversions en 2009 (+ 86 %), tendance qui s’intensifie au 1er semestre 2010, l’agriculture bio doit faire face à plusieurs défis : organiser ses filières pour faire correspondre l’offre à la demande sans dénaturer l’éthique, maintenir une forte croissance de la consommation et continuer à convaincre de ses avantages indéniables pour l’ensemble de la société.

De vrais challenges impliquant plus que jamais une mobilisation totale et énergique des acteurs.

Les arguments pour convaincre ne manquent pas. Prenez le problème de la qualité de l’eau… Jamais on n’a autant parlé de protection de l’environnement et de réductions de pesticides. Et pourtant, en coulisse, les services départementaux des directions sanitaires et sociales (Dass) continuent à tirer la sonnette d’alarme : les dépassements de la valeur limite en pesticides dans les réseaux distributions sont légion et augmentent même dans certaines zones. Et ce, malgré la modernisation des stations de traitements des eaux. C’est dire. Agir en amont, sur les zones de captage, est une évidence. Opter pour l’agriculture bio coule de source. Mais visiblement, ce n’est pas aussi clair et limpide pour tout le monde.

La preuve : le nouveau projet de loi de modernisation agricole (baptisé LMA), s’il évoque la nécessité d’une agriculture durable et d’une alimentation saine et de qualité – des évidences –, n’effleure qu’à peine l’agriculture biologique.

Si la bio se fait discrète dans les textes, c’est qu’on peut l’insérer dans le concept “fourre-tout” d’agriculture durable… Celui dans lequel trône, en place d’honneur, l’Agriculture Écologiquement Intensive (AEI) – deux mots qui ont du mal à rimer – ou celle à Haute Valeur Environnementale (HVE), concepts qui reviennent à peu près au même, et qui se sont substitués grossièrement à celui d’agriculture raisonnée, trop discréditée.

Certes, la nouvelle LMA (la 4e en dix ans), tout juste votée par le Sénat et soumise en procédure d’urgence à l’Assemblée nationale, se veut une réponse au désarroi de l’agriculture. Transparence, étiquetage précis avec mention des origines, obligation de contractualisation dans la durée par écrit avec mention des prix et des volumes, interprofessions renforcées, approches par filière avec les distributeurs, alimentation équilibrée en restauration collective, préservations des terres agricoles… Ces mesures visent à garantir aux agriculteurs un revenu décent et sécurisé. Ce, dans un contexte où le soutien de la Pac fond comme neige au soleil.

Et les bio sont également concernés. Si cette filière a toujours voulu soutenir ses producteurs par le biais de dispositifs de contractualisation divers et variés, il n’empêche que son développement actuel et la tendance au “discount” risquent de mettre à mal ces efforts… “La bio à moins d’un euro sur une cinquantaine de produits”, du lait aux biscuits, en passant par la farine, les frites surgelées et les petits pois, comme l’a martelé récemment un grand distributeur connu, c’est peut-être un vrai signal d’alarme pour la filière !

Christine Rivry-Fournier

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