Midi-Pyrénées : à Toulouse, le Sisqa valorise la bio locale

Le 13/02/2011 à 17:07 par La Rédaction


Jean-Marc Pirlot des Viviers Cathares rêve de vendre ses produits encore plus près de ses bassins.

Avec 80 000 visiteurs sur quatre jours, le 8e Sisqa, salon régional de la qualité alimentaire, attire un large public, en partie grâce à ses nombreuses animations pédagogiques : ferme, parcours des sens, démonstrations culinaires…

Sur une zone dédiée, la filière bio occupe invariablement un quart de l’espace alloué aux signes de qualité : l’occasion de rencontrer la clientèle régionale et de conforter sa position sur un bassin de population important et à fort potentiel. Deux raisons motivent cette présence d’opérateurs bio : le consommateur recherche du local et la vente sur place réduit l’empreinte carbone des entreprises.

Truites des Pyrénées

Pour les Viviers Cathares, élevage de truites bio des Pyrénées, l’orientation est radicale. Cette entreprise, qui expédiait ses poissons sur toute la France, voire au-delà, a choisi de se recentrer totalement sur le grand Sud-Ouest : “Nous pouvons facilement écouler nos volumes sur la région toulousaine, surtout vers la restauration collective. Il existe un vrai potentiel et des liens solides à créer”, explique Jean-Marc Pirlot, responsable de l’entreprise, pour qui le Sisqa est incontournable et qui rêve de commercialiser encore plus près de ses bassins. Pour élargir sa gamme et augmenter son “panier moyen”, il propose d’autres produits aquacoles dont le dernier né est les œufs de truite.

Monbio de Qualisol

Chez Qualisol, la volonté d’opter résolument pour le marché régional est la même. La coopérative céréalière, implantée sur le Gers et le Tarn-et-Garonne, collecte 230 000 tonnes de céréales dont 12 000 tonnes en bio, soit 5,4 % en 2010. Après avoir lancé, il y a deux ans, une gamme de farines destinée au consommateur, elle présente, à l’occasion du salon, 3 mix pour préparer son pain à la maison, ainsi que d’autres nouveautés : lin, pois chiches, lentilles, petit et grand épeautre. Et elle ne compte pas s’arrêter là. Conditionnées dans une sacherie robuste cousue, les graines sont mises en marché sous la marque Monbio, auprès de magasins bio du Sud-Ouest entre mer et océan et un peu en Provence-Alpes Côte d’Azur. La logistique de distribution est réalisée en interne, calquée sur celle de la collecte dans un souci de maîtrise des coûts. Alain Larribeau, responsable de la filière bio en pleine croissance, souligne sa volonté “de vendre la production de nos agriculteurs et uniquement cela, en la diversifiant et en la valorisant le plus possible. Il faut assurer l’avenir. Plus les volumes sont petits, moins on prend de risques”.

Une filière lin

La coopérative a vécu des années très difficiles, de 2004 à 2006, avec des prix bas en tournesol et blé, cultures dominantes. D’où l’idée, entre autres, de créer une filière lin. La démarche bleu-blanc-cœur vise à réintroduire des sources végétales riches en oméga 3 dans l’alimentation animale pour valoriser le lait, les œufs et la viande. Alors, pourquoi ne pas aller encore plus loin, en travaillant en bio. Afin d’être prête à répondre à une demande des fabricants d’aliments bio, Qualisol a mis en culture 100 hectares de lin en 2010. Dans la région, cette espèce se sème en mars : elle échappe ainsi à l’emprise des mauvaises herbes d’hiver et s’implante avant l’arrivée de celles de printemps. Comparé au lin d’automne, le cycle est plus court et le potentiel moins élevé. Le lin convient bien aux parcelles un peu sales en graminées.

Motiver les conversions

Aujourd’hui, Qualisol investit pour accroître sa capacité de stockage bio de 9 000 à 24 000 tonnes sur son site de Montfort, central dans sa zone de collecte. L’objectif : doubler les volumes dans les 2 ans, afin de baisser les coûts de fonctionnement et rendre plus viables les projets engagés sur les productions spéciales.

De plus en plus d’adhérents passent en bio, et se disent fiers de voir leurs produits vendus localement. Les techniciens de la coopérative s’efforcent de motiver ceux qui sont à la fois meilleurs sur le plan technique et limités en surface. “La bio peut aider un jeune à vivre de ce métier, en étant 100 % de son temps sur une exploitation sur 60 hectares, ce qui n’est pas envisageable en conventionnel, se réjouit Alain Larribeau. De plus, l’accès aux terres est très concurrentiel dans la région.” La coopérative s’y retrouve car les cultures de diversification doivent être menées de façon très minutieuse, contraintes peu tenable sur les grandes fermes.

Martine Cosserat

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De la viande du Quercy

Au Sisqa, un autre exemple montre que le potentiel local est bien là pour la bio. Les fermes Quercy bio regroupent trois éleveurs de bovins unis pour vendre ensemble leurs produits sur un périmètre réduit. Presque tout l’élevage – environ 150 bovins adultes au total à eux trois – est écoulé dans le Lot avec, là aussi, une large gamme emballée sous vide et bien présentée : de la vente directe profitant d’une filière de production organisée en amont.