Languedoc-Roussillon : création d’une interprofession bio

Le 13/02/2011 à 17:04 par La Rédaction


Après deux années difficiles, la bio languedocienne et roussillonnaise entame 2011 sur une note constructive en créant une interprofession bio qui vise à gérer le développement de la filière, dans un contexte d’envolée des conversions enregistrée ici ces derniers mois.

Constituée le 10 février, l’interprofession bio de Languedoc-Roussillon a pour objectif de mieux fédérer les différents acteurs, de la production à la transformation. Pour l’instant, elle n’inclut pas les fédérations de coopératives et la chambre régionale d’agriculture qui n’ont pas souhaité s’associer à la démarche. Deux collèges, amont, aval, constituent cette interprofession qui rassemble le Civam bio, l’AIVB (interprofession viticole bio) et Élan Bio, l’association des transformateurs de produits bio de la région.

Une année de changement

L’année 2010, marquée par la disparition de Georges Frêche, président de la région auquel vient de succéder Christian Bourquin, président du conseil général des Pyrénées-Orientales, est un tournant, suscitant des interrogations sur l’avenir. Pour le président de la Frab (Fédération régionale de la bio), Jean-Luc Malicorne, éleveur dans l’Hérault et également président du Civam bio de l’Hérault, il est encore prématuré pour savoir si le changement d’exécutif aura des répercussions sur le soutien jusqu’à présent accordé à la bio. “Nous sommes en contacts étroits avec Fabrice Verdier, vice-président de la région, mais il est trop tôt pour savoir quelles en seront les conséquences ; il faut aussi attendre que nous soyons mieux structurés”, explique le président de la Frab.

Sonnette d’alarme

Les prochains mois seront en effet complexes à gérer tant les conversions sont nombreuses sur ce territoire parmi les pionniers de la bio. “Les taux de conversion sont très importants aujourd’hui, reconnaît Jean-Luc Malicorne. Et il faut tirer la sonnette d’alarme parce que, dans les toutes prochaines années, les volumes en bio vont progresser très fortement, notamment pour les vins.” Si la demande reste vivace pour le vin issu de raisins bio, le président de la Frab – et il n’est pas le seul – craint que l’engorgement du marché ne soit plus très loin. “Pour les viticulteurs en cave particulière, il ne devrait pas y avoir trop de problèmes, parce qu’ils ont l’habitude de commercialiser et qu’ils vont souvent chercher un plus avec la certification bio. Pour les autres, les choses seront compliquées. Parce que nous savons aujourd’hui qu’il ne suffit plus d’être en bio, il faut surtout savoir faire des bons vins pour émerger au milieu d’une offre très importante. Ce sera un des buts de l’interprofession que d’essayer de gérer ces flux.” Si la problématique est criante pour les vins, elle existe mais avec moins de tensions dans les autres filières sur lesquelles l’interprofession se penchera.

Blé, fruits et légumes…

Parmi les thématiques retenues qui feront l’objet d’un examen immédiat par l’interprofession, la création de débouchés locaux pour les blés tendres bio de la région. À l’instar de l’embryon de filière mis sur pied dans le Gard avec la création d’une marque de pain bio, le Raspaillou, initiative qui vient de s’élargir sur la région, les bio du Languedoc espèrent pouvoir à la fois trouver des producteurs et des boulangers afin de consolider cette démarche, qui mise sur l’origine locale et les artisans boulangers. Tout en se préparant aussi, en fruits et légumes, à accompagner l’augmentation prévisible de la demande, notamment de la restauration hors domicile. Celle-ci, lorsqu’elle est opérée par les collectivités locales, prévoit parfois des taux d’incorporation de fruits et légumes bio de 5 à 10 %. “Grâce à son faible besoin de surface, le maraîchage permet d’installer plus de nouveaux agriculteurs pour satisfaire cette demande très forte, en circuit long ou en vente directe sur l’exploitation ou les marchés”, ajoute Jean-Luc Malicorne. Le tout, en espérant que les Conseils généraux de la région deviennent plus généreux avec l’agriculture bio.

Yann Kerveno

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Une forte progression à gérer

Fin 2009 début 2010, le Languedoc-Roussillon pointait à la seconde place des régions de France en terme de pourcentage de SAU converti à la bio avec 6,4 %, et une progression de 27,5 % de la SAU bio cette même année. Par ailleurs, dans la région, le Gard est le deuxième département français en nombre de producteurs bio (554), les Pyrénées-Orientales, le 3e en % de la SAU (10,5 %) et l’Hérault, le 4e en nombre de producteurs bio (453). Dans l’ensemble de la région, on compte aujourd’hui 1 785 exploitations bio pour 40 962 hectares certifiés et environ 20 000 ha en conversion.