En Bretagne, le Concours Innova'Bio récompense l'esprit collectif

Le 13/10/2014 à 11:19 par La rédaction


La 5e édition du concours mené par Agrobio 35 a dévoilé ses lauréats. L’éco-pâturage avec des collectivités, une association de producteurs en bassin-versant et une brasserie portée par 96 sociétaires révèlent une fois de plus une diversité d’activités en bio.

Cette année, sans préméditation, mais finalement assez logiquement, ce sont des projets collectifs qui sont sortis du lot alliant production et transformation, mais aussi favorisant du lien social sur un territoire, des aspects en phase avec l’esprit du concours. Son président choisi cette année est d’ailleurs issu de cette veine du collectif, Christophe Baron, producteur et président de Biolait. Le gagnant, la ferme de Milgoulle, le second, Bio Ribou Verdon et le 3e la Brasserie associative de Montflours, ont été révélés à l’occasion du salon La terre est notre métier, le 11 octobre dernier à Guichen (35). Au total, ils sont 8 finalistes à avoir bénéficié d’un stand sur ce salon professionnel bio qui voit passer chaque année plus de 15 000 visiteurs (un panneau est offert à chacun par le CER Ille-et-Vilaine). Rappelons que le gagnant remporte une vidéo et un chèque de 1 000 euros offert par la Banque Populaire de l’Ouest (BPO).

Gagnant 2014 : la ferme de Milgoulle (Ille-et-Vilaine)

Matthieu Pires, de la ferme de Milgoulle, gagnant d’Innova’Bio 2014, pour son activité d’éco-pâturage.
Matthieu Pires, de la ferme de Milgoulle, gagnant d’Innova’Bio 2014, pour son activité d’éco-pâturage.

Matthieu Pires, à travers la ferme de Milgoulle, développe l’éco-pâturage avec des animaux d’élevage en bio dans un rayon de 40 km autour de Rennes. Son expérience d’animateur durant 15 ans au sein d’une association d’environnement lui a mis la puce à l’oreille. « Je disais aux communes qu’elles devraient développer ça et puis un jour on m’a dit et pourquoi tu ne le ferais pas toi ? alors je me suis lancé ! », confie le jeune homme, désireux de « s’installer en ferme ». À 25 ans, après diverses formations agricoles et une expérience de deux ans en service de remplacement, Matthieu Pires s’installe en janvier 2013, à Nouvoitou. Convaincu par la bio, son projet a un principe : passer un contrat avec une collectivité pour une durée de 10 ans avec l’engagement de cette dernière à faire certifier ses terres en bio. Aujourd’hui, ce sont 60 ha d’espaces naturels et de zones humides communales, d’entreprises ou de propriétaires privés (des tours de moulins ou de châteaux) qui sont entretenus par son cheptel, 200 brebis avranchines et 5 vaches laitières armoricaine. La certification n’a pas posé de problème car « la plupart des communes sont engagées en zéro phyto ».

Activité économique à part entière

Faire pâturer des animaux en milieu péri-urbain attire l’œil. Dans la commune du Rheu par exemple, on rechercherait même « des appartements avec vue sur moutons ». « Mes brebis pâturent près d’un chemin menant au centre bourg et près d’un quart de la population passe ici », observe Matthieu. La tonte est un événement pour les enfants et des projets pédagogiques pourraient voir le jour. Pour conjuguer des aspirations de création d’entreprise et une forme d’action citoyenne, Matthieu a trouvé la formule. Son exploitation n’en demeure pas moins une activité économique pour faire vivre deux personnes et bientôt trois. « Il faut accroître le cheptel à 500 brebis ; certes, nous avons l’économie du foncier mais aussi la contrainte de la mobilité », estime l’éleveur. Les animaux sont acheminés dans un véhicule aux normes et il a fallu mettre en place une gestion adéquate pour faire face au vol d’animaux la première année (près de 20 %). Cependant, Matthieu Pires y croit. La vente de produits d’agneaux et de bœuf, partie intégrante du projet, a « un gros potentiel » grâce aux contacts avec les habitants de ces aires urbaines. L’exploitant possède aussi 5 ruches d’abeilles noires, et prévoit leur développement, qui pourrait trouver place en vergers communaux.

2e place : Bio Ribou Verdon (Maine-et-Loire, Deux-Sèvres)

Les premiers producteurs de Bio Ribou Verdon. De g à d : Guy Coutant, Marc Pousin, Xavier Gaborit, Stéphane Merlet, Anthony Pousin, Jean-Paul Vivion, Christian Audebeau et Laurent Roulet (manque Chantal Fradin).
Les premiers producteurs de Bio Ribou Verdon. De g à d : Guy Coutant, Marc Pousin, Xavier Gaborit, Stéphane Merlet, Anthony Pousin, Jean-Paul Vivion, Christian Audebeau et Laurent Roulet (manque Chantal Fradin).

Cette association est née de producteurs bio situés sur le bassin-versant Ribou-Verdon à l’ouest de Cholet, comprenant 12 communes sur deux départements (Maulévrier, Yzernay, St-Pierre-des-Echaubrognes…). « Notre objectif est de faire connaître et développer la bio avec des démarches agronomiques performantes comme en introduisant des légumineuses dans les assolements, tout en trouvant des débouchés bio de proximité », explique Marc Pousin, poly-éleveur bio et co-fondateur. 9 des 15 producteurs bio du bassin-versant se sont ainsi fédérés et ont créé une marque, Bio Ribou Verdon, que chacun peut apposer sur ses produits. La bio, atout pour la qualité de l’eau, est un point naturellement mis en avant par l’association, d’autant plus qu’il y a ici « un potentiel de conversion de plusieurs centaines d’exploitations », comme le signale Marc Pousin.

Innovabio_produitsTrois conditions ont été fixées pour adhérer : être 100 % bio ou s’engager à le devenir dans les 5 ans si certains ateliers ne sont pas encore certifiés, avoir au moins 20 % de terres situées sur le bassin-versant et le reste en proximité et enfin avoir fait réaliser un diagnostic agro environnemental par l’un des organismes habilités par la Communauté d’Agglomération du Choletais (Cac). « Nous sommes en phase avec ses élus mais nous leur rappelons toute la cohérence d’introduire des produits bio locaux en restauration collective », précise Marc Pousin. Lentilles et fromage de chèvres le sont déjà dans une des communes environnantes, farine de blé et sarrasin dans une crêperie. Ce qui n’empêche pas les producteurs d’étudier des débouchés en circuits longs. De nombreuses actions et projets fourmillent au sein de l’association, comme la création d’un pain Bio Ribou Verdon avec des boulangers locaux ou l’installation d’un maraîcher.

3e place : Brasserie associative de Montflours (Mayenne)

Des membres de la Bam. En haut à g. Valéry Beucher, producteur d’orge bio, le fondateur Cédric Soufflet (casquette) et à sa g. Pierre Mothais, futur malteur. La bière produite se conjugue en blonde, brune, ambrée ou bière de Noël.
Des membres de la Bam. En haut à g. Valéry Beucher, producteur d’orge bio, le fondateur Cédric Soufflet (casquette) et à sa g. Pierre Mothais, futur malteur. La bière produite se conjugue en blonde, brune, ambrée ou bière de Noël.

D’une association née en 2009, la Brasserie associative de Montflours, dit Bam, est passée Scic en février 2013. Son créateur Cédric Soufflet a lancé un véritable projet collectif, né à 6 membres, ils sont aujourd’hui 96 sociétaires, dont 5 producteurs bio, tous motivés par la naissance d’un projet bio local, nourris au lien social et à l’éducation populaire qui fait tout l’arôme de la Bam. « Parmi les sociétaires, on compte des « bièrophyles » désireux de brasser leur propre bière, car nous formons ceux qui le souhaitent au brassage amateur, ensuite, des personnes intéressées par l’aspect du lien social et enfin ceux qui veulent d’abord soutenir l’innovation locale », détaille Cédric Souflet. Innovabio_Bières

L’activité de micro-brasserie qui a produit près 170 hectolitres de bières en 2013 (260 hectolitres prévus cette année), a permis d’installer une culture d’orge bio sur 10 ha chez un producteur du territoire de Montflours, Valéry Beucher, dont 2 à 3 ha nécessaires pour la bière. Une houblonnière est en train de naître dans une autre exploitation mayennaise, au sein du Gaec Radis & Co. Elle est le fruit d’un chantier collectif mené par la Scic, avec laquelle un stage a été effectué chez des producteurs de houblons bio alsaciens. Un projet de malterie est également en réflexion. Enfin, la Bam privilégie les circuits courts de distribution et a même impulsé la création d’un nouveau marché bio. On la trouve également en magasins spécialisés, notamment Biocoop, et lors d’événements mayennais comme Planète en fête ou la Fête de la terre.

Frédéric Ripoche

Retour sur 5 années : que sont devenus les gagnants ?

Réponse dans Biofil n°96, novembre-décembre 2014