Réseau Biocoop : ses valeurs confortent ses ventes

Le 09/07/2013 à 8:25 par La rédaction


 Bien décidé à continuer à revendiquer son éthique et son militantisme, Biocoop affiche une croissance de plus 7 % de son chiffre d’affaires en 2012 (535 M€ au total dont 477 M€ en alimentaire), “et ce, dans un contexte difficile”, admet son président Claude Gruffat.

Le magasin Biocoop Jean-Jaurès à Toulouse.
Le magasin Biocoop Jean-Jaurès à Toulouse.

 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
Le 1er semestre 2013 continue sur cette lancée, avec des ventes moyennes en hausse de 11 %, et un panier moyen qui grossit. “Nous sommes très en avance sur les objectifs de l’année, et c’est une bonne surprise sachant que la conjoncture s’annonce tendue”, commente Gilles Piquet-Pellorce, directeur-général du premier réseau de magasins bio de proximité en France.
 
Coopération, équité et transparence
En présentant ses résultats à la presse le 28 juin à Paris depuis son siège de l’avenue De Villars, Biocoop – créé il y a 27 ans – a insisté sur les valeurs fortes qui régissent son fonctionnement : la coopération, l’équité et la transparence : “nous voulons les diffuser encore plus largement, car nous prouvons que nous progressons en les respectant, sans faire de concession au monde économique de plus en plus dur”, insiste Gilles Piquet-Pellorce.
Le congrès bi-annuel des sociétaires a été l’occasion de renforcer la position “militante” du réseau qui compte 340 magasins, un nombre toujours en progression. “Bien sûr, certains nous ont quittés pour différentes raisons, mais le taux de sortie est très faible et cela fait partie de la vie d’un réseau, environ 15 par an depuis 2010, avec en plus 5 ventes en 2012 à une enseigne concurrente, que nous aurions souhaité éviter”, explique Claude Gruffat.
Les essaimages et les créations de magasins sont réguliers : 2012 a compté 13 nouveaux magasins ; mi 2013, 14 créations sont effectives, dont 10 essaimages, c’est-à-dire émanant de magasins déjà dans le réseau qui implantent de nouveaux points de vente. La surface moyenne d’un magasin atteint 262 m2, contre 212 m2 en 2011. À noter que les magasins sont indépendants, sociétés commerciales coopératives (40 % en perte de vitesse) ou non coopératives (60 % en hausse). “Leur diversité fait toute la richesse du réseau”, exprime la direction.
 
Refus de la bio productiviste

Claude Gruffat, président de Biocoop.
Claude Gruffat, président de Biocoop.

Notre objectif est de poursuivre notre maillage pour mettre la bio à la portée de tous, mais pas n’importe quelle bio”, revendique Claude Gruffat, dénonçant la bio industrielle et productiviste qui envahit la GMS. “À terme, nous souhaiterions pouvoir remplacer dans nos magasins le logo AB par Bio Cohérence, la garantie d’une bio plus éthique”, confie Claude Gruffat.
En affichant 12 % de part de marché dans un paysage de la consommation bio où la grande distribution reculerait de 49 % de part de marché à 47 % en 2012, Biocoop – et ses 7000 références produits – veut renforcer son identité et ses choix innovants à travers plusieurs axes : le commerce équitable, le bien-être animal, l’engagement dans la marque Bio Cohérence (en phase d’une labellisation via la plateforme du commerce équitable), la saisonnalité, le vrac dont l’enseigne est précurseur (400 références), un prix accessible à travers la gamme “La bio, je peux” (sur 190 produits, la marge est écrasée), la démarche du commerce équitable nord-nord identifiée par le nouveau logo “Ensemble, solidaires du producteur au consommateur” (600 produits), les produits génériques fabriqués en interne “quand on ne trouve pas ceux qu’on veut”, des marges encadrées, un prix juste, des produits 100 % bio, sans OGM, le refus du transport aérien, pas d’origine de l’hémisphère sud (le jus d’orange vient du bassin méditerranéen)…
20 % de l’activité répond aux engagements du commerce équitable nord-sud et aussi nord-nord. “On ambitionne d’atteindre la moitié des matières premières issues de cette démarche”, ajoute Claude Gruffat. Actuellement en France, ce sont 28 groupements de producteurs dans 4 filières qui approvisionnent dans ce sens les magasins.
 
Une gouvernance collégiale

Gilles Piquet-Pellorce, directeur général de Biocoop.
Gilles Piquet-Pellorce, directeur général de Biocoop.

Nous sommes très à cheval sur le référencement des produits tout comme sur l’admission de nouveaux sociétaires”, rappelle Claude Gruffat. La gouvernance de Biocoop reste entre les mains d’une collégialité inscrite dans les statuts comprenant les magasins, les producteurs, les salariés (1) et les consommateurs : “nous décidons sur un mode participatif une ligne de conduite et des orientations, appliquées ensuite par la direction financière et administrative”, résume le président. “Il s’agit pour moi de transférer ces valeurs fortes de façon pragmatique. Et je suis chanceux car nous avons la confiance des banquiers et pas la pression d’actionnaires à rémunérer”, complète Gilles Piquet-Pellorce.
Biocoop est observé, convoité, copié, mais jamais égalé car l’état d’esprit ne se plagie pas”, conclut Claude Gruffat, qui répète que l’important est de diriger et de gérer ensemble cette filière bio même si les intérêts à court terme sont divergents. “Nous voulons que l’autre, l’agriculteur, le transformateur, le distributeur, le consommateur, soit encore là demain en assumant la responsabilité des engagements pris ensemble.”
 
Défi bio et relookage
2012 est une année de transition. “Peu d’investissements ont été effectués, il fallait réduire notre endettement pour nous préparer de nouveaux projets”, précise Gilles Piquet-Pellorce. Des décisions sont prises pour moderniser le look de l’enseigne afin de mieux l’identifier et optimiser la logistique. Les 4 plates-formes (grand ouest près de Rennes, sud-est à Sorgues, sud-ouest près d’Agen, et centre-nord-est à Sainte-Geneviève-des-Bois, soit 40 000 m2 d’entrepôts) qui approvisionnent les magasins à hauteur de 70 % de leurs achats – hors produits locaux – vont être équipées de systèmes de gestion et de traçabilité WMS. “L’objectif est de mieux gérer les stocks et d’améliorer la productivité.
Pour soutenir les filières, Biocoop renforce aussi son soutien à l’amont. “Nous n’avons aucunement le souhait d’intégrer des entreprises, mais les aider à garder le cap et se développer.” Déjà 4 millions d’euros ont été investis dans cette optique : le silo Bio Ouest porté par la Corab en a bénéficié, ainsi que Bio Direct pour la charcuterie. En 2012, Biocoop a décidé de s’engager aussi à hauteur de 350 000 € dans Biogam, un groupement de producteurs de collecte et de transformation basé en Lorraine. “C’est une initiative gagnant-gagnant, visant à consolider la filière lait de vache de l’est de la France, et qui nous assure des produits locaux de cette région, notamment de l’emmental et du beurre.
D’autres spécificités du réseau sont également en développement : le transport plus écologique avec sa filiale STB (société de transport Biocoop) forte de 33 camions, et soucieuse d’optimiser les trajets. Le rail-route fonctionne depuis 2010 et des containers Bi-température, séparant fruits et légumes des autres produits sont utilisés. Biocoop Restauration poursuit aussi sa percée avec un catalogue de près de 700 références et 1800 clients.
 
C. R-F
 
(1) Biocoop compte 2500 salariés sur le réseau et 700 en centrale.