Le défi d’une bio mondiale cohérente et durable

Le 07/09/2021 à 14:48 par La rédaction


[Édito du Biofil 136 - juillet-août 2021]
 
Bonne nouvelle en cette période perturbée. L’essor de la bio française se poursuit sur un rythme soutenu. Les derniers chiffres de l’Observatoire de l’Agence Bio le confirment (lire p. 6). Et on ne peut que s’en réjouir. Ce, d’autant plus que cette croissance est plutôt équilibrée entre les surfaces, le nombre de fermes, la transformation, les circuits de distribution et surtout la consommation nationale, toujours dynamique. Le cercle vertueux s’élargit et se renforce. Pourvoyeuse d’emplois, la bio ne manque pas d’atouts et sait le faire savoir.
La France conforte ainsi sa place de leader de la bio européenne : en 2020, sa surface en bio dépasse les 2,55 millions d’hectares, damant le pion à l’Espagne (2,34 Mha), déjà loin devant l’Italie (1,99 Mha) et l’Allemagne (1,7 Mha). Surtout, elle enregistre la plus forte hausse de ses terres en bio. Côté part de marché, notre pays arrive aussi en tête devant l’Allemagne, avec 6,5 % de produits bio dans la consommation totale à domicile (contre 6 % pour notre voisin d’Outre-Rhin). Loin derrière, en troisième position en termes de chiffre d’affaires, l’Italie affiche 3,6 % de bio dans le panier des consommateurs. Et c’est en Suède que la part de bio est la plus forte, évaluée à 8,7 % des achats alimentaires. Au niveau de la planète, l’agriculture française est aussi l’une des plus engagées sur le chemin d’un changement d’échelle cohérent. Si les USA, par exemple, affichent un marché bio alléchant de 46 milliards d’euros, et 6 % de part de consommation, ses surfaces peinent vraiment à décoller avec 2,3 Mha fin 2019 ! Pourquoi de tels écarts d’évolution ? En analyser tous les ressorts serait trop long. Il n’empêche que la bio française est le fruit de l’engagement et la motivation de pionniers visionnaires et très conscients des dangers de l’agriculture intensive et destructrice de la santé de la terre et des êtres vivants, humains compris. Et qui n’ont rien lâché.
Le Congrès mondial de la bio, qui se réunit tous les trois ans, à chaque édition dans un pays différent, et pour la première fois en France, le rappelle. Car c’est à Versailles qu’en 1972, une poignée de ces utopistes a fondé Ifoam organics international, association regroupant tous les mouvements de la bio. En cette fin d’été, lors de ce rendez-vous, tous ceux qui développent la bio – agriculteurs, transformateurs, distributeurs, chercheurs, techniciens, contributeurs, fournisseurs, élus, etc. –, vont échanger sur l’évolution et l’avenir de ce mode de production innovant et prometteur.
Malgré la crise sanitaire risquant d’entraver la venue de nombreux participants étrangers, ces journées doivent être l’occasion de faire le point sur les enjeux : une recherche mondiale pointue indispensable pour sécuriser les producteurs et les filières ; les transferts de technologie pour que chaque pays puisse réussir son changement d’échelle ; les aides publiques et paiement pour services environnementaux pour stimuler les conversions partout et aider les paysans à préserver les sols, l’eau et l’air de façon durable, en réduisant l’usage d’intrants. Espérons que ce Congrès réussira à faire accélérer la transition écologique dans chaque pays. Le défi est immense.
 
Christine Rivry-Fournier