[Edito du Biofil 128 - mars-avril 2020]
Preuve en est le rapport sénatorial sur les financements publics accordés à la bio, présenté début février. Presque 300 pages truffées de nombreuses erreurs ou approximations, parfois incongrues sur le secteur bio, comme par exemple l’utilisation possible en bio d’herbicides alternatifs, la remise en cause de l’intérêt des prairies permanentes et des surfaces fourragères ou la soi-disante réduction des périodes de conversion...
L’analyse de la bio française de ce rapport sénatorial est ambivalente : si elle pointe, parfois justement, des déficits et des incohérences de soutien public, notamment en recherche et expérimentation, ou au niveau des aides à la production, elle en profite pour épingler la fiabilité du secteur : le travail de l’Agence Bio, de l’Inao, des organismes certificateurs...
Sa cible : le soi-disant échec cuisant du plan Ambition bio 2022 qui vise 15 % de surfaces bio dans deux ans, et 20 % de bio en restauration collective. Le rapport estime ces objectifs “hors d’atteinte” et “incompatibles” avec la réalité des conversions actuelles. Le chiffrage des surfaces bio est lui aussi remis en cause, “estimé non fiable”.
Manipulation ou manque de discernement ? Si tout n’est pas idéal dans le monde de la bio française, la situation n’est pas si désespérée ! Loin de là. Jamais son essor n’a été aussi dynamique. Les voyants sont au vert. D’ailleurs, selon l’Agence Bio, atteindre 15 % de surfaces bio en 2022 n’est pas si utopique. Le rythme des conversions en 2019, supérieur encore à celui de 2018, pourrait bien faire bondir la part de l’agriculture bio dans la SAU française. La tendance se renforce, le marché s’approche des 11 milliards d’euros. Et notre modèle fait des envieux.
La preuve : au salon Biofach de Nuremberg en Allemagne, mi- février, rendez-vous international de la bio, les experts mondiaux le montrent en exemple. Concilier l’évolution de la production bio nationale avec la demande du marché n’est pas si facile. En France, on pointe les 31 % d’importation, dont la moitié en produits exotiques. Mais, visiblement la France est le pays où le déploiement de la bio est le plus harmonieux. On nous jalouse le travail de l’Agence Bio et l’implication de l’État, des Régions, des Agences de l’eau...
“Aujourd’hui, consolidons aussi nos filières, sur des marchés solides, avec une répartition équitable de la valeur, et en accueillant les nouveaux opérateurs”, insiste Philippe Henri, polyculteur-éleveur producteur en Lorraine et président de l’Agence Bio. Des initiatives de fond, comme celle de la Fnab avec le transformateur-distributeur Picard illustrent la force de la contractualisation et du collectif. Les labels mixant bio et équitables sont des garanties de rémunération, de durée et de reconnaissance pour les paysans. Et la prise en compte des externalités de la bio reste un objectif essentiel à atteindre.
Christine Rivry-Fournier
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