Après deux cycles de formations, l’Adabio (1) sort un guide permettant de réaliser 16 outils. Cette initiative innovante vise à soutenir l’installation et l’autonomie des maraîchers bio à travers la transmission des savoirs.

Tout est parti de recherches sur les planches permanentes pour limiter le phénomène de compaction des sols, et notamment de prototypes de cultibuttes et vibroplanches réalisés par des maraîchers bio. “C’est une des composantes qui a nous a incité à développer ce projet, car on s’est rendu compte que d’autres producteurs pratiquaient l’auto-construction et il y avait une demande dans ce sens”, explique Fabrice Clerc, animateur et technicien en productions végétales à l’Adabio. Des formations ont été mises en place et l’idée d’un guide a mûri (2). L’ouvrage intitulé Guide de l’auto-construction, outils pour le maraîchage biologique vient de sortir, coédité avec l’Itab et préfacé par Pierre Rabhi. Des tutoriels permettent de fabriquer 16 outils de manière autonome, du triangle d’attelage au vélo sarcleur, de la butteuse à une herse étrille adaptée au maraîchage.
“Organisons-nous !”
C’est le titre d’une conférence-débat organisé par l’Adabio à l’occasion de la sortie du guide, le 10 février à Grenoble. “On y croît car au-delà du machinisme, il s’agit de favoriser l’autonomie et la réappropriation des savoirs, assure Fabrice Clerc. Souvent, les maraîchers qui s’installent partent de rien. Si on peut diminuer par 2 ou 3 le budget d’équipement, c’est une piste d’élan plus grande pour démarrer, en leur assurant aussi une autonomie technique ; un producteur qui construit sa machine sait l’entretenir et la modifier”. L’Adabio a lancé des stages en 2011 et cet hiver. “Des maraîchers en cours d’installation ont même choisi de réaliser les trois outils proposés : butteuse à planche, cultibutte et vibroplanche”, précise l’animateur. À ce jour, une soixantaine d’outils ont été construits pour près de 50 maraîchers, sachant aussi que l’on peut suivre un stage sans repartir avec un outil. Une concurrence déloyale pour les fabricants ? “L’auto-construction suscite de l’intérêt et il faut qu’ils digèrent ça, mais ce n’est pas de la concurrence, car elle n’attire pas la majorité des producteurs. Et puis on s’aperçoit qu’elle stimule leur créativité”.
Aller plus loin

Frédéric Ripoche
(1) Association des agriculteurs bio de l’Ain, l’Isère, la Savoie et la Haute-Savoie.
(2) Avec les partenaires suivants : la Fondation Pierre Rabhi, l’Itab, la Nef, les conseils généraux (Isère, Ain), l’assemblée des Pays de Savoie, le Feader Rhône-Alpes, le Vivea et le Fafsea pour la prise en charge des coûts pédagogique (1 100 euros/stage).
(3) Adhérents réseau Fnab : 40 euros. Hors réseau : 90 euros.