Poussée des conversions : une croissance sans précédent

Le 04/11/2010 à 17:33 par La Rédaction


Au cours des 7 premiers mois de 2010, 3 345 nouvelles structures agricoles se sont engagées en mode de production bio, selon l’Agence Bio. Une quinzaine de conversions par jour ! Cette vague de croissance est sans précédent, et concerne toutes les productions. Une certitude : tous les nouveaux engagements au 17 mai dernier seront financés.

L’Agence bio a enregistré 30 % de nouveaux arrivants bio de janvier à fin juillet, comparé à l’an dernier sur la même période : si ce rythme se poursuit, les 6 % de surfaces bio visées par le Grenelle pour 2012 pourraient bien être atteints, voire légèrement plus. C’est tout du moins ce qu’affirme le ministre de l’agriculture Bruno Le Maire : “Ce qui est impératif, c’est de garder la même dynamique de conversions”, précise-t-il, ce afin de répondre à la forte demande des consommateurs qui profite actuellement à nos voisins concurrents.” En tenant compte des 397 cessations d’activité bio, dues surtout aux départs en retraite sans repreneur, le nombre d’exploitations bio supplémentaires cette année se monte à 2 948. Au total, 19 594 fermes bio sont recensées fin juillet. Selon les projections, la France pourrait dépasser les 800 000 ha en bio en fin d’année, soit plus de 3 % de la surface agricole en bio (2,46 % fin 2009), et 4 % des exploitations (3,14 %) fin 2009.

Une enveloppe supplémentaire de 6 M€

Lors du Grand Conseil d’orientation de l’Agence Bio, rendez-vous annuel avec le ministre de l’Agriculture, tenu le 28 septembre dernier en présence des professionnels de la filière (représentants de l’APCA, Fnab, Coop de France et Synabio), Bruno Le Maire a annoncé le rajout d’une enveloppe de 6 Me de l’État pour financer tous les dossiers des nouveaux engagements en conversion pris en 2010. “Ce, dans un contexte de rigueur budgétaire où je suis à 100 000 € près”, a-t-il précisé. L’enveloppe dédiée aux conversions se monte donc cette année à 10 Me, sans compter l’apport des Agences de l’eau sur les conversions en zone de captage, non comptabilisé dans cette somme. Si, pour 2010, les bio sont rassurés, l’inquiétude concerne 2011. Basculant sur le 1er pilier de la Pac et devenant ainsi annualisée (fini l’engagement sur 5 ans), l’aide à la conversion (MAE-Cab) n’est plus sécurisée, notamment au niveau des montants (lire Biofil n°71). Bruno Le Maire prend l’engagement qu’elles seront maintenues dans les années à venir, “en assurant le niveau d’aide suffisant pour garantir le démarrage économique de l’exploitation bio. Ce n’est pas parce qu’il y a basculement dans le 1er pilier qu’il doit y avoir ralentissement de l’effort”, a-t-il insisté.

Les organisations professionnelles au créneau

Sur ces points, il a essayé de répondre aux inquiétudes des organisations professionnelles, Fnab, Chambres d’agriculture, Jeunes Agriculteurs et Fnsea, qui l’avaient interpellé, pour la première fois ensemble, dans un courrier commun signé par leurs présidents respectifs. Si le Grand Conseil d’Orientation de l’Agence Bio lui a donné l’occasion de faire le point sur ces questions, il n’a pas été pour autant complètement rassurant. “Nous voulons aussi avoir la certitude que les conversions engagées en 2010 ne feront pas l’objet de régulations budgétaires les années suivantes, et celles engagées en 2011, 2012 et 2013 aient une lisibilité suffisante sur leurs montants versés”, scandent les organisations professionnelles à l’unisson. Et sur ces aspects, rien ne semble acquis. Concernant le crédit d’impôt, Bruno Le Maire assure que la loi de finance 2011 va intégrer un dispositif assurant le maintien de cette mesure, non cumulable avec les aides à la conversion et au soutien, et qui profite aux petites structures. Dans ce contexte toujours incertain, Bruno Le Maire s’est certes montré attentif, plein de bonne volonté et très attaché au développement de la bio. “Jamais un ministre n’avait passé autant de temps avec le Grand conseil d’orientation”, reconnaissent les participants. Pour autant, pas question de relâcher la garde.

Christine Rivry-Fournier

www.agriculture.gouv.fr

Les chiffres à retenir

• 19 594 fermes bio (fin juillet 2010)
• 677 513 ha fin 2009 (151 875 ha en conversion)
• 2,46 % de la SAU en bio (fin 2009)
• + de 6000 préparateurs
• + de 2000 distributeurs
• marché alimentaire bio : 3 Md€ (1,9 % du total)