Des vœux à faire pousser en bio

Le 17/01/2022 à 9:00 par La rédaction


[Edito de Biofil 139 - janvier-février 2022]
 

2022 démarre tout juste et c’est l’heure des vœux. En plein essor, mais fragilisée par la crise sanitaire, la filière bio vit une période sensible et une époque charnière. En restant à la fois pragmatique et ambitieux, que peut-on souhaiter de mieux à ce mode de production innovant, audacieux, sacré locomotive de la transition agroécologique et alimentaire ? Outre bien sûr l’espoir d’une météo favorable – mais sur ce point, difficile d’agir à l’échelle de douze mois ! –, les vœux ne manquent pas. En voici quelques-uns…
Cette nouvelle année sonne l’entrée en vigueur de la nouvelle réglementation bio européenne 2018/848, après des années de travail d’élaboration entamé en 2012 et un an de report de son application à cause du Covid. Gageons que ces évolutions se feront sans trop de surcoûts et de prises de tête, notamment dans les fermes. Encore plus exigeante et plus précise sur certains points – lire les rubriques Réglementation des derniers numéros de Biofil la détaillant –, son application questionne encore les opérateurs. L’Inao et les organismes certificateurs se mobilisent pour faciliter sa mise en œuvre.
Ce 1er janvier marque aussi l’obligation d’introduire au minimum 20 % de bio en restauration collective en vertu de la loi Egalim 1. Toutes les cantines dans l’enseignement, les administrations, la santé, le social, la petite enfance sont concernées. Espérons que les collectivités locales, élus et citoyens soutiennent cette démarche pour respecter la loi. En 2019, 5,6 % des denrées dans les menus étaient bio. Après la chute de
25 % des ventes en restauration collective en 2020, due aux confinements, misons sur une forte reprise. À la clé, ce marché avoisinerait 1,4 milliard d’euros, de quoi écouler les légumes, fruits, viandes, produits laitiers, pains, boissons, etc. des productrices et producteurs bio en quête de nouveaux débouchés salutaires.
2022, c’est aussi la mise en place de la loi Egalim 2, avec l’obligation de contractualiser, pour certaines productions d’abord, sur une base de prix calculée à partir des coûts de production, et non négociables. Si l’intention de protéger le revenu du producteur est louable, sa mise en place s’avère complexe. Le pari pour les bio est d'aller plus loin vers le juste prix en y intégrant la rémunération des services rendus par leur démarche agricole. Et souhaitons aussi un succès continu aux labels bio et équitables : en intégrant les dimensions sociales et territoriales dans leurs contrats pluriannuels, ils sécurisent les prix et aussi l’avenir des producteurs, comme des consommateurs.
Parmi les nombreux autres vœux, figure bien sûr l’espoir d’une négociation de la nouvelle Pac reconnaissant enfin les aménités de la bio pour lui offrir un soutien spécifique et supérieur à la HVE via les éco-régimes. Ce, afin de ne pas décourager tous ceux et celles qui ont choisi cette voie d’avenir exigeante car respectueuse de la planète et de la santé. Autre souhait, certes un serpent de mer, que les CVO – contributions volontaires obligatoires – payées par les bio viennent enfin alimenter le budget de l’Agence Bio : il est urgent de continuer à communiquer sur le bio de façon la plus efficace possible.
 
Belle année 2022 à tous les lectrices et lecteurs de Biofil !
Christine Rivry-Fournier