Manger local, un espoir mondialisé

Le 13/02/2011 à 17:00 par La Rédaction


Au Vietnam, des paysans du centre du pays utilisent un cocktail efficace d’ail, de piment, d’oignon et de gingembre (entre autres) pour protéger leurs cultures contre les parasites.

Et selon leurs témoignages rapportés dans le Courrier International-janvier 2011, la formule est très efficace. Cet insecticide naturel a été mis au point par des chercheurs vietnamiens et japonais afin de remplacer les fortes doses de produits chimiques toxiques que ces paysans utilisaient. “Maintenant, grâce à eux, on sait comment fabriquer des engrais et des pesticides à partir de nos propres plantes, à la fois non nocifs pour l’environnement et la santé. Cela nous a changé la vie.” Ils utilisent aussi du vinaigre de charbon et les graines de margousier, le fameux neem, et ont appris les règles du compostage. Les récoltes de riz, cultivé selon les techniques bio, sont superbes, et beaucoup moins coûteuses à produire. L’exemple est encourageant. Pourtant, si ces méthodes font leur chemin, elles peinent à se généraliser. Plus que jamais, les agriculteurs de tout pays semblent être obnubilés par la course aux rendements, que la flambée des prix des aliments rend encore plus alléchante.

Or, partout en Asie, comme en Amérique ou en Afrique, les populations ne sont pas dupes. Sur les marchés, les légumes bourrés de pesticides dangereux, les viandes aux hormones ou au formol, les huiles frelatées, le lait contaminé… sont de plus en plus suspectés. Dans le contexte actuel de crise alimentaire qui pousse les peuples affamés – et déjà humiliés par des privations de liberté –, à la révolte, difficile pourtant de faire la fine bouche. Entassés dans des zones urbaines insalubres, ils ne peuvent même plus produire leur propre nourriture quotidienne pour s’en sortir.

Heureusement, des initiatives fleurissent aux quatre coins du globe, signes d’espoir. En Chine, le potager individuel est, pour beaucoup, un rêve qui commence à devenir réalité. Comme le rapporte également le Courrier International, à Pékin, comme dans le pays tout entier, les citadins qui cultivent leur jardin sont de plus en plus nombreux. Les craintes pesant sur la sécurité alimentaire expliquent ce phénomène. Certains urbains passent même des contrats avec les agriculteurs pour qu’ils fassent pousser leurs légumes, en ayant ou non recours aux engrais chimiques. Ce sont des Community supported agriculture (agriculture à soutien communautaire), à l’instar de nos Amap.

Même si ces initiatives ne sont pas prêtes à détrôner le système agricole de plus en plus productiviste des agriculteurs chinois, englués dans la spirale du rendement pour compenser les prix bas et la réduction des surfaces cultivables, elles peuvent faire évoluer les mentalités.

Le retour à la production locale et autonome, saine et de qualité, et bénéfique pour l’environnement, n’est pas qu’un repli occidental. C’est l’une des solutions mondiales qui peut contribuer à soulager la crise humanitaire. Autant de signes positifs à souligner, pour réchauffer un climat plutôt dépressif.

Christine Rivry-Fournier