Un partenariat pour des huiles et tourteaux

Le 03/09/2018 à 16:06 par La rédaction


Ils sont trois partenaires : le fabricant d’aliments Novial, dans le Nord, l’huilier dunkerquois Daudruy et Oriacoop, une usine de trituration située dans le Pas-de-Calais. Le premier a besoin de tourteaux bio d’origine France et le second en fabrique avec le troisième.

"En 2015, Daudruy a pris 70 % des parts d’Oriacoop”, précise Sidoine Paté, directeur commercial pour ces deux structures. Daudruy Van Cauwenberghe, spécialisé en huiles et graisses, mise sur cet outil situé à Warlincourt-lès-Pas et fondé par 75 agriculteurs pour triturer des graines de colza non OGM. L’objectif de l’industriel : se positionner sur des produits à valeur ajoutée d’origine France et s’inscrire dans la durée en répondant notamment “aux forts
besoins en huiles et tourteaux bio”. Cette unité “semi-industrielle” (trois salariés) au potentiel de trituration de 12 000 à 15 000 tonnes (1 000 t/mois) utilise la première pression à froid, sans solvant ni produit chimique. Elle a commencé par triturer des graines de colza et de tournesol bio pour des opérateurs du Grand Ouest. Puis le  partenariat avec Novial a débuté l’an dernier.
Un potentiel pour la bio
À Oriacoop, les graines collectées doivent avoir un taux d’humidité de 9 %. Un système par aspiration à 50 t/h réduit leur taux d’impuretés à moins de 1 %, puis elles sont réchauffées entre 30° et 40 °C pour être pressées à froid afin d’obtenir tourteaux et huiles. Ces dernières sont raffinées chez Daudruy à Dunkerque, puis commercialisées vers l’agroalimentaire et la cosmétique. “Nous voulons qualifier nos produits de bio avec certitude, contrôlés et garantis d’origine France. C’est pourquoi nous n’importons pas de graines bio”, affirme Sidoine Paté. Ce qui convient à Novial pour les tourteaux. “Nous privilégions des matières premières d’origine régionale et France par défaut, précise Jean-Loup Stérin, chargé du développement bio. Ces tourteaux sont plus gras et moins riches en protéines que d’autres que nous importons. Mais nous les valorisons en fonction de leurs spécificités, en ruminants et autres espèces. Et ils sont importants pour nous, car ils s’inscrivent dans une volonté de construire des filières régionales.” Pour l’heure, seules 1 000 t de tourteaux bio ont été produits à Oriacoop, dont une petite centaine en janvier dernier pour Novial. “C’est le démarrage”, confie Jean-Loup Stérin, évoquant des essais de cultures dans la région et des engagements de collecte d’ici l’automne. “Nous manquons de graines oléagineuses bio en France, reconnaît Sidoine Paté, mais cet outil a une capacité à être dédié à la bio”. Les graines sont collectées par des organismes stockeurs et l’apport direct par des producteurs est en réflexion. Le lin également trituré ici en conventionnel non OGM peut l’être aussi en bio. Les tourteaux sont produits en pellets ou granulés et bientôt en chips ou écailles.
 
La bio en croissance chez Novial
Depuis 2012, la production d’aliments bio a quadruplé chez Novial, passant de 6 000 t à près de 25 000 t toutes espèces cette année, dont 85 % pour la pondeuse. L’usine de Le Plessier-sur-Saint-Just (Oise) qui les fabrique est depuis ce printemps exclusivement bio, alors qu’elle se chargeait encore il y a peu du non-OGM. Le stockage bio passe ainsi de 9 à 16 cellules pour un potentiel de 45 000 t. “On va pouvoir utiliser plus de C2 et stocker des tourteaux de différentes origines pour répondre à différentes filières”, précise Jean-Loup Stérin. Novial produit notamment pour Biolait deux formules ruminants 100 % bio d’origine France. Entre 50 et 60 % des matières premières sont fournies par des structures régionales : l’UCBC, Acolyance, Biocer et naturellement Noriap dont Novial est filiale. “La saison dernière, nous avons collecté près de 5 000 t de céréales bio auprès de 40 à 50 agriculteurs, dont les deux tiers pour Novial”, précise Géraldine Briet, en charge de la production bio dans cette
coopérative.
Frédéric Ripoche