Les producteurs bio manifestent partout en France

Le 16/03/2015 à 18:53 par La rédaction


A l'appel de la Fnab, les producteurs bio manifestent à Paris et partout en France le 17 mars. Le 7 mars, l'annonce par arrêté d'une coupe franche de 25 % sur les aides au maintien pour la campagne 2014 leur a fait l'effet d'une douche froide; ce, d'autant plus que ces aides seront versées avec 3 mois de retard.

Les producteurs se sont mobilisés dans de nombreuses villes, Paris, Nantes, Toulouse, Rennes, Lille, Limoges....
Les producteurs se sont mobilisés dans de nombreuses villes, Paris, Nantes, Toulouse, Rennes, Lille, Limoges....

Les paysans bio se sentent floués alors que les signaux étaient au vert : le plan Ambition Bio 2017 vise un doublement des surfaces, les GIEE orientés bio sont mis en avant, les techniques bio sont montrées comme exemplaires dans la démarche d'agroécologie et d'Ecophyto...
Le 10 mars, dans un communiqué commun, les 4 grands familles professionnelles, les producteurs à travers la Fnab, l'APCA, Coop de France et les transformateurs et distributeurs à travers le Synabio,  dénoncent ce "signal politique incohérent".

Incohérence et contradictions

Face à ces contradictions, les agriculteurs biologiques expriment leur incompréhension et leur colère.Ils appellent les pouvoirs publics à trouver une solution pour 2014 et la programmation 2015-2020.
Ils demandent :

  • le recouvrement des 14 millions manquants pour le paiement de l’intégralité des aides au maintien 2014, qui permettent de reconnaître les services agro-environnementaux et sociétaux rendus par les agriculteurs bio.
  •  La mobilisation de 230 millions d’euros dès 2015 pour donner accès à tous les producteurs bio aux aides maintien et conversion dans le cadre de la régionalisation et ainsi réussir l’objectif de doublement des surfaces en 2017.
  • De replacer l’agriculture biologique comme levier des programmes nationaux de transition agro-écologique, par le financement préférentiel d’actions de développement de la bio, dans le cadre de la réforme du plan Ecophyto notamment (GIEE bio, conseil spécialisé en bio) ainsi qu’au sein du projet agro-écologique pour la France et des futurs projets de l’Agence française pour la biodiversité.

 
Les acteurs de la filière ont pourtant alerté le ministère à plusieurs reprises (en 2010 puis en 2012) sur les risques d’insuffisance budgétaire en fin de période. Malgré ces alertes et simulations, le ministère a maintenu son chiffrage.  Résultat : 117 millions d’euros de demandes en 2014 contre 103 millions de budget et une diminution inédite des aides de 25% !

Un appel aux Régions

Dans ce contexte, comment ne pas s’inquiéter du passage des aides à la bio sur le second pilier à partir de 2015 dans la nouvelle Pac ? Les dispositifs sont désormais financés à 75% par l’Europe et 25% par l’Etat. Or, de nombreuses régions, autorités de gestion, n’attribuent pas les moyens suffisants aux aides au maintien, voire là celles à la conversion,.
Des centaines de producteurs bio se mobilisent, inquiets quant à l’économie de leurs exploitations et l’absence de reconnaissance des services agro-environnementaux rendus par leur système de production.
"Si le 2ème pilier de la Pac permet des ajustements entre des lignes, à l’inverse du 1er pilier, les producteurs bio seront encore dépendants d’arbitrages budgétaires, avec la seule garantie de l’incertitude ! ", s'inquiètent les bio. Alors que les pratiques des agriculteurs bio et leur maintien sont les leviers incontournables d’une transition agro- écologique réussie et aboutie, quels moyens assureront, dès 2015, le développement de l’agriculture biologique ?

Trouver des solutions

Les professionnels admettent que des efforts sont faits et seront poursuivis par les opérateurs agricoles pour développer et structurer les filières biologiques, et les rendre "moins dépendantes" de ces aides. Mais il faut  de la visibilité dans la conduite des exploitations agricoles. "Hélas, cette décision déstabilise ce travail et ces efforts, déplorent-ils. Le ministre de l’Agriculture doit maintenant trouver une solution pour mettre en cohérence les paroles et les actes." Ces aides sont la reconnaissance des services environnementaux et sociaux de la bio : elles donnent du sens à des aides payées par les contribuables européens (dépollution, biodiversité, emplois etc.).
Doubler les surfaces d'ici fin 2017, cela veut dire +300 000 ha de bio par an dès 2015. "Comment le ministère a -t-il prévu et anticiper les budgets au regard de la gestion catastrophique de 2014 ?", s'interrogent les producteurs.
Mardi 17 mars, des manifestations de producteurs sont prévues à Paris et dans de nombreuses préfectures françaises.
Programme ici