Fraude italienne : traquer les failles du système

Le 11/02/2012 à 9:44 par La Rédaction


La fraude italienne, dévoilée par la police financière de Vérone le 6 décembre dernier, soulève des questions sur la fiabilité du système de contrôle et de certification de la filière bio. Toujours en cours, l’enquête n’a pas dit son dernier mot.

L’importance de cette fraude, détectée par les services fiscaux, n’est pas encore officiellement déterminée. Début décembre, les premières informations émanant de la police financière italienne évoquaient tout d’abord 700 000 tonnes écoulées avec de faux certificats bio ; les accusations ont ensuite été réduites à 17 000 tonnes, mais sur un début de période allant de 2007 à 2009.

Selon les différentes sources, les premiers calculs auraient été faussés, additionnant plusieurs fois les mêmes volumes découverts chez les multiples intermédiaires italiens, qui servaient de sociétés écran. Le faux bio concernerait de l’orge, du maïs, du tournesol, du soja, du blé, des fruits secs ainsi que des pommes à compotes, cultivés en conventionnel, en Roumanie notamment et même en Italie. Estampillés bio par la création d’un certificat frauduleux à l’entête d’un organisme de contrôle italien, Suelo et Salute, ces produits ont été écoulées sur les marchés européens.

Acheteurs victimes ?

En France, la cellule de crise, mise en place par les pouvoirs publics via l’Agence Bio pour gérer la communication vis-à-vis de la presse, n’a laissé filtrer que très peu d’informations. Le ministère de l’Agriculture et l’Inao ont demandé aux organismes certificateurs d’alerter les entreprises susceptibles d’être concernées par l’achat, depuis 2007, de produits italiens émanant d’une vingtaine de sociétés listées par la brigade des finances, compromises volontairement ou non dans cette affaire, sachant que des arrestations ont eu lieu.

Évidemment, les lots les plus anciens sont déjà consommés, mais certains, récents, seraient ainsi bloqués et déclassés. L’Autriche, l’Allemagne, la Suisse, la Belgique, les Pays-Bas… ainsi que la France en auraient fait les frais. “Étant donné le déficit en céréales et oléagineux, plusieurs opérateurs français sont forcément touchés par cette fraude car l’Italie est incontournable pour les importations”, indique un observateur (1).

Ces opérateurs se disent avant tout victimes de pratiques frauduleuses, car ils font confiance aux certificats émis par les organismes de contrôle (OC). En outre, les analyses effectuées, en interne ou réalisés par les OC n’ont rien décelé d’anormal. “Les fraudeurs s’arrangent évidemment pour qu’aucun résidu ne puisse être détecté, sachant que certaines molécules ne laissent aucune trace.”

La principale société italienne incriminée, Subi Land, fournissait des milliers de tonnes à la filière, à des tarifs plutôt attractifs qui trouvaient d’autant plus facilement preneurs, “les opérateurs pouvant ainsi compenser les prix locaux plus soutenus”, avance un autre observateur. (...)

Christine Rivry-Fournier

Retrouvez l'intégralité de cet article en lisant Biofil 80 daté mars-avril 2012.